On se monte un bateau

Je viens de prendre des photos de l'extrémité de deux planches que j'ai dans la shoppe.

La première est l'extrémité d'une planche de chêne blanc coupée sur quartier. On voit assez bien les anneaux de croissance qui sont perpendiculaires à la surface de la planche.




La seconde photo montre l'orientation des anneaux de croissance d'une planche de frêne coupée sur dosse. (sur dosse = trop instable pour le bateau). On y voit que les cernes de croissance sont parallèles à la surface de la planche. Même si j'avais déjà du frêne en inventaire, puisqu'il était coupé sur dosse, j'ai dû en acheter qui était coupé sur quartier.




La prochaine photo montre les différences de mouvement du bois selon le type et la forme de la coupe.




Comme on peut s'y attendre, l'environnement d'un bateau est sujet à des changements importants d'humidité, d'où l'importance de tenter de contrôler les mouvements du bois composant la structure du bateau.

Merci beaucoup pour vos réponse, très instructif pour un aprenti comme moi. Je vais regarder ça pour mes prochain achats.

Merci encore!
Martin

Quand tu as la possibilité de choisir tes planches dans un lot il est possible d'en trouver sur quartier car le billot a pu être débité en tranches parallèles ainsi les planches de part et d'autre du cœur seront sur quart. Quand je choisis le cèdre rouge chez Home Depot, c'est moi qui les prends toutes

Martin,

Lorsqu'on a besoin de petites quantités et qu'on passe dans le tas de bois après Thomas Chippendale ou Toxedo , il y a toujours moyen de se faire des planches équivalentes à une coupe sur quartier. Ce n'est pas idéal, ça prend du temps, mais ça peut dépanner quand on a un projet qui requiert impérativement du bois sur quartier.

La photo suivante montre ce que je veux dire.



On prend une planche sur dosse avec un fil aussi parallèle que possible à la face principale, on la refend et on recolle les morceaux refendus dans l'autre sens.

Dans mon exemple, la portion la plus à droite de la planche sur dosse n'est pas vraiment ce qu'on rechercherait idéalement comme orientation des anneaux de croissance.

Thomas Chippendale écrit: Quand tu as la possibilité de choisir tes planches dans un lot il est possible d'en trouver sur quartier car le billot a pu être débité en tranches parallèles ainsi les planches de part et d'autre du cœur seront sur quart. Quand je choisis le cèdre rouge chez Home Depot, c'est moi qui les prends toutes

Pas trop pire je demeure plus à Sainte-Catherine je suis rendu à Trois-Rivières ha ha ha donc il devrait m'en rester pour le prochain achat.

Martin

P.S: Merci pour tout tes explication et photos Joecanuck C'est de la bonne instruction pour moi!

Encore une autre question en espérant que ça en intéresse d'autre aussi: Étant donner que les cerne de croissance son perpendiculaire est ce que le bois aura plus tendance à fendre lors du séchage ou même vissage ex: comme lorsque l'on vis un 2 x 4.

Merci!
Martin

Lorsque j’ai commencé ce fil, j’avais mentionné que la complexité de mon projet faisait en sorte qu’il y avait un risque non-négligeable que je me plante. Eh bien, c’est fait!

Au début de l’été, j’ai eu la « chance » de rencontrer Gary Lowell de Lowell Boats en Caroline du Nord qui se spécialise dans la restauration de bateaux classiques (aka runabout). Gary m’a expliqué que les effets de couple, les vibrations et les successions rapides de compression et de tension sur la coque d’un runabout viendraient à bout de tout joint d’époxy en deçà de 5 ans. Une discussion additionnelle avec la personne responsable de l’atelier de restauration du musée maritime de Clayton aux USA a confirmé le tout. J’ai alors compris qu’un bateau de bois dont la vocation est de planer sur l’eau n’était pas construit avec les mêmes techniques qu’un voilier ou un bateau à rames.

Les voiliers et bateaux à rames que j’avais construits jusqu’à présent étaient construits avec des joints collés à l’époxy. Pour les besoins de ces bateaux, les joints collés à l’époxy sont très solides et amplement suffisants. Pour un runabout, l’époxy du joint se fendillera et lâchera en raison de la rigidité presqu’absolue de l’époxy.

Donc, la solution de rechange est de mettre une colle élastique marine (3M 5200) . Puisque la colle élastique n’est pas suffisamment forte, il faut en plus sécuriser le joint avec des vis de bronze. Jusque-là, ce n’est pas encore dramatique.

Le drame arrive lorsqu’on considère que le bois que j’ai acheté a été coupé sur quartier. C’est dimensionnellement plus stable mais, avec une rangée de vis dedans, ça fend vite, surtout s’il y a beaucoup de vibration dans la pièce de bois. Ça fait un bateau qui ne vivra pas bien vieux. Donc, le chêne sur quartier que j’avais acheté (et refendu, plané, etc.) ne m’est plus utile. Le frêne sur quartier que j’avais transformé en membrures va probablement finir dans le poêle à bois, d’autant plus que cette essence de bois n’est pas très résistante à l’humidité (néanmoins, les plans recommandaient l’utilisation du frêne). La cerise sur le sundae: la structure de la poupe que j’avais terminée est à refaire complètement. Les membrures de poupe en frêne qui avaient été laminées doivent être en chêne blanc cintré à la vapeur.

Bref, je me retrouve dans une situation où j'ai pris un retard considérable dans la construction du bateau.

Après avoir noyé ma peine dans des excès d’Orange Crush Diète, j’ai décidé de continuer la construction du bateau avec du chêne blanc coupé sur dosse et de remplacer le frêne par de l’acajou. Ça peut paraître excessif d’utiliser de l’acajou pour des membrures de bateau, mais l’utilisation de cette essence est plutôt répandue pour faire les membrures de runabout. En plus, j’en ai trouvé à un prix très correct chez un grossiste.

Tout n‘étant pas perdu, j’ai pu utiliser les membrures en frêne comme gabarit pour découper les membrures en acajou.





On peut voir en arrière plan la structure de la proue qui est à refaire entièrement et qui est déposée sur les lamelles de chêne blanc coupé sur quartier qui ne me sont plus utiles. Entre la planche d'acajou et la structure de la proue, on peut voir des lamelles de chêne sur dosse qui devront être "scarfées" (entées en français je crois) avant d'être inclues dans le laminage de la quille.

J’ai attaqué la construction de la quille. La quille fait +/- 4 pouces de large et 21 pieds de long. Normalement, j’aurais dû la faire avec un seul morceau de chêne blanc de la bonne dimension. Après vérification auprès de certaines personnes, un laminage pour obtenir la dimension et la forme désirée est acceptable. Si j’avais trouvé un morceau aux bonnes dimensions, j’aurais dû faire un cintrage à la vapeur de la pièce… Je préfère ne pas penser à l’organisation que cela aurait requis.

La forme de la quille a été obtenue en plaçant les calles de laminage directement sur la ligne de quille telle que donnée par la table des plans qui a été tracé plus tôt dans le processus de construction.

Sous cet amas de serres, il y a une quille…

Pour préparer les éléments la structure de la poupe au cintrage des éléments, il est fortement recommandé de les tremper dans l’eau au préalable. Dans mon cas, ce fut 14 jours sous l’eau. La prochaine photo montre des morceaux de chêne blanc profitant des bienfaits de notre été tardif…





Ma boîte à vapeur est plutôt simple et bon marché mais elle fait la job! Ceci étant dit, j'aimerais bien avoir la boîte à vapeur de Mécano!





Ceci est une des pièces de la structure de la poupe sur son moule de cintrage. J’ai utilisé comme gabarit de cintrage le moule que j’avais construit pour la mise au point de la poupe. Vous remarquerez que j’ai ajouté à des endroits précis sur le moule des cales de différentes épaisseurs afin de reproduire une courbe dont le rayon serait inférieur à celui qui est désiré. Ceci est requis pour tenir compte du « springback » de la pièce cintrée une fois qu’on l’enlève du gabarit.




En dépit de tous les contretemps rencontrés, j'ai encore beaucoup de plaisir à construire ce bateau (qui pour l'instant ne ressemble qu'à un paquet de planches...)

J'appelle ça de la persévérance! Chapeau.

Comme je l'ai déjà dit, la persévérance n'a rien a voir là-dedans, la folie et l'inconscience sont tout à fait suffisantes.

Ben té fou en taboire