Lessence de térébenthine

L'essence, de térébenthine, n'est en aucun cas d'origine minérale : il existe en effet un succédané à base d'essence minérale. La véritable essence de térébenthine est un hydrocarboné naturel classique. Il s'agit d'un liquide obtenu par distillation de la résine de différents pins, les parties solides de cette opération donnent la colophane, utilisée aussi dans les peintures naturelles. Ce produit provient d'arbres vivants : on recueille, par incision de certaines variétés d'arbres, des résines semi-liquides qui seront ensuite distillées.

Les essences les plus connues sont la térébenthine de Bordeaux (où Arcanson qui vient d'Arcachon), celle de Venise ou de Briançon (a base de mélèzes ou de pins Laricio), la térébenthine de Chypre ou de Chios extraite du pistachier térébinthe. L'essence de térébenthine est utilisée depuis des siècles, un pin adulte donne environ 4 litres d'essence par an sans en souffrir, c'est donc une matière renouvelable. On voit donc que l'essence de térébenthine existe sous différentes formes : pratiquement, chaque arbre produit une résine particulière. C'est l'usage d'établir une distinction entre les terpènes en fonction de leur origine. Les plus connus sont les terpènes de pin et de mélèze. Il ne faut pas oublier à ce propos d'inclure dans cette grande famille l'essence d'écorce d'agrumes.

L'essence de térébenthine est un liquide sans couleur, huileuse, odorante, inflammable, ne se mélange dans l'eau, avec un goût chaud et désagréable. C'est un bon dissolvant pour le soufre, le phosphore, des résines, des cires, des pétroles. Il durcit lors de l'exposition à l'air.

Autrefois, la plus grande utilisation pour l'essence de térébenthine était comme dissolvant de peinture et de vernis. Les peintres à l'huile la préfèrent généralement comme diluant de peinture et nettoyeur à pinceaux aux dissolvants de pétrole (spiritueux minéraux), quoique les derniers soient moins chers. Mais la plus grande utilisation d'essence de térébenthine est maintenant dans l'industrie chimique, comme matière première dans la synthèse des résines, des insecticides, des additifs d'huile, du pétrole et du camphre. L'essence de térébenthine est également employée comme dissolvant dans la fabrication des plastiques.

Le point noir de l'essence de térébenthine, c'est un de ses terpènes, le delta-3-carène qui est à l'origine de l'eczéma de contact des peintres toujours présente dans plusieurs variétés. En outre, il vaudrait mieux utiliser une essence doublement rectifiée : la rectification permet de purifier un liquide, elle neutralise les terpènes aromatiques qui peuvent aussi présenter des inconvénients.

Malgré tout le plaisir qu'on trouve à travailler avec des matières naturelles, il ne faut pas oublier que les terpènes, même naturels, sont des solvants qui peuvent se révéler nocifs, en grande quantité.

Jean-Paul Lécuyer