Mon établi

Mai 2013
Je ne sais pas si c’est par émulation, à force de voir que d’autres le font, l’ont fait, le feront, pensent le faire, mais n’osent pas, enfin bref, je me suis laissé tenter par la fabrication d’un établi en bonne et dûe forme… Mettant de côté, ...pour le moment… l’achèvement de ma table de salon-échiquier, je me suis lancé dans le projet.
Comme matériaux, j’avais du 6 po X 6 po en réserve en différentes essences, qui vont du cèdre au chêne, à l’érable, au noyer cendré, et au pin, en passant par la pruche. Comme tablier, j’avais les portes intérieure de la maison de feu l’ex-premier ministre Robert Bourassa à Outremont. Il vivait dans cette maison durant les événement d’octobre. La bâtisse a été rachetée par un ami il y a quelques année. Lors d’une rénovation subséquente, ces portes-là n’avaient plus leur place, et il me les a proposées, sachant bien que je leur trouverais une saine et nouvelle vocation. Elles sont de bois plein, et doivent peser plus de 100 livres chacune… Elles font 80 pouces de longueur par 32 pouces de largeur.

Vous connaissez les recettes vide-frogo? C’est un peu ce dont il s’agit ici. Cet établi n’est finalement qu’un melting-pot de toutes les essences de bois que j’ai dans mon garde-manger de castor en 2013.
Je ne sais pas ce qu’il en adviendra dans le futur, mais j’espère qu’il servira encore pendant des siècles. Bref, il est fait d’un peu n’importe quoi, et il possède des secrets aussi mystérieux qu’insondables, recèle des choses encore plus bizarres dans ses flancs. Ces portes closes, du temps qu’elles étaient encore debout sur leurs pentures, en ont vu et entendu des affaires!!! Des choses pas disables ici, mais que moi, JE SAIS !!!

Voici donc en photo la progression du projet. Ça n’a pas la prétention d’être un « pas à pas », comme les superbes documents de montage dont nous font profiter nos éminents collègues ébénistes mortaiseux, mais j’espère que ça stimulera tout de même in ti peu….

Voilà donc sur cette première photos, les quelques pièces du puzzle, mesurés, coupées, creusées, préparées, et posées par terre sur ma chaîne de montage. On a là les pattes et travers. J’ai sué sang et eau pour mortaiser tout ça. Laminage de pin, noyer cendré et érable pour façonner les pieds.



Assemblage de chacune des pattes.



Assemblage des deux travers du bas
La tablier lui-même servira de travers sur la longueur. Mais déjà, le cheval se tient debout!!



Pose du tablier : deux portes de chez Robert B, collées l’une sur l’autre. N'y voyez pas d'allusion. J’ai bouché les trous de pentures et de poignée de porte, avec du bois plein.
Puis, demandez-moi pas comment j’ai pu hisser le tout sur les pattes, je le sais pas. Mais à un moment donné de l’exercice, je suis devenu vert, et mon linge m’a déchiré sur le corps, comme Bruce Banner. Disons que j’ai forcé en titi!!!
Le tablier est fixé à la base avec le principe du « pocket hole » du système Kreg.



J’ai ensuite laminé des planches d’érable 3 po. 1/2 de large par ¾ po. d’épais dans le but de faire le contour de la table. Puis, je les ai taillé très précisément à l’aide du guide à onglet que je me suis fabriqué récemment.



J’ai ensuite collé, vissé et gougeonné le contour du tablier. Voilà l’ensemble de ce que ça donnait à ce moment-là.





à suivre message suivant

Il me fallait cependant obligatoirement trouver le moyen de pouvoir déplacer aisément ce mastodonte de 350 livres pour éviter d’encore me déchirer du linge sur le corps à chaque fois que j’aurais besoin de le changer de place. J’aurais pu acheter des roulettes Rockler escamotables, mais j’ai préféré ce principe-ci que j’avais découvert sur YouTube. Il s’agit de roulettes vissées sur une planche, elle-même montée sur des pentures attachées aux pieds du meuble. Et pour ne pas nuire, le système est installé dans le périmètre intérieur du meuble. Les roulettes à frein comme celles utilisées ici ne sont pas vraiment nécessaires, mais tant qu’à les avoir à niaiser sur une tablette, aussi bien qu’elle servent…





Là, vous vous demandez comment tout le meuble fait pour tenir dans les airs.. ? Je fais affaire avec un magicien fourchu de mes amis que j’appelle affectueusement Tracteur Ford, et qui lui, est capable de renverser au poignet Louis Cyr lui-même, sans que sa peinture se décape le moindrement.


Sur la photo suivante un bloc de bois permet d’observer le dégagement que j’espère obtenir pour que le diplodocus puisse glisser sur le sol aussi doucement et facilement que ma blonde se glisse sous mes draps quand elle vient me rejoindre au lit.
Reste à fabriquer ce judicieux système qui permettra de garder les roulettes en place quand on soulèvera l’établi.



Il s’agit d’un système à levier, simple comme bonjour (Vive Archimède). Il est désormais facile de soulever le meuble sur ses roulettes. Et elles restent aussi bien en place que Jean Charest quand il refusait de démissionner de son poste de premier ministre, peut importe de quel bord on le bouge (le meuble) . La difficulté ici fut de placer le pivot au bon endroit pour que l’ellipse fasse sa job. J'ai donc pratiqué un trou dans les travers, et j'y ai introduit un petit tuyau d'acier, du diamètre exact 5/16 intérieur, suffisant pour y introduire un boulon qui permet au levier de bouger sans user. Et ces pièces de métal (tuyaux) proviennent d'un cylindre du moteur de l'hydravion Cessna 180 que je possédais à l'époque...

Position levée





Position pieds par terre





La suite, message suivant

J’ai ensuite installé les étaux, dont l’un m’attendait dans sa boîte depuis une quinzaine d’années un à gauche… (Observez bien, on dirait qu’il y a un petit farfadet poigné dans l'étau ☺)



et un au bout à droite sur lequel j’ai vissé des machoires de bois.



Ça s’en vient mon affaire…



Maintenant, il fallait percer les trous dans le tablier, et ça, dans du bois dur, c’est pas mal moins facile que de faire des trous dans un budget. Je n’ai malheureusement pas la perceuse qui prend appui sur le plan de travail comme celle de Castor_bricoleur. J’ai donc dû me rabattre sur les moyens du bord : Surélever l’établi pour que le dessus soit le plus proche possible du mandrin de ma perceuse à colonne, et ensuite percer avec une forstner ¾ de pouce.
Ça veut dire : établir le niveau de la table, et l’ajuster au niveau de la perceuse pour que chacun des trous soient bien d’équerre.



Et voilà le résultat final, teinté et verni. Assez simple finalement, mais surtout utile! Il fait 37 pouces de hauteur par 84 po.1/2 de long et 36 po. 1/2 de large



Dans un avenir plus ou moins rapproché, je compte mettre des modules à tiroirs en dessous….
Mais ça, ce sera lors d’une prochaine aventure !!!

Bon, je retourne à ma table de jeu d’échec.
Toxedo