Réparation d’un bâtiment ancien : partie 2
- Riflard
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En octobre dernier, je vous présentais un article sur la restauration d’une ancienne laiterie, petit bâtiment en pièce sur pièce. Quand nous avions fermé le chantier pour l’hiver 2010-11, voici où nous étions rendu dans le remontage.
Durant l’été 2010, nous avions acheté un lot de planches neuves en pin blanc pour remplacer le vieux parement extérieur en planche verticale, malheureusement irrécupérable. Le moulin à scie m’avait produit de la planche de 1 pouce d’épais et de 10 à 14 pouces de large (dimensions du vieux parement). Le moulin m’a fait ça en longueur de 12 pieds, de 14 pieds et de 16 pieds.
Je pensais être en mesure de le poser en 2010, mais comme beaucoup de projets de restauration de maisons d’autrefois ou de vieux bâtiments secondaires, ça prend toujours plus de temps que prévu.
Durant l’hiver 2010-11, j’ai fait un plan illustrant la position de chaque planche du parement extérieur, dans le but de minimiser les pertes, de même que d’éviter de me ramasser à poser, par exemple, une planche de 2 pouces de large pour terminer un mur.
En mai 2011, j’ai poursuivi les travaux. Voici comment je m’y suis pris :
1) j’ai scié la première planche de la bonne longueur tout en suivant le plus possible la forme du toit. Au besoin, je prenais un compas. La pointe sèche suivait la toiture par en-dessous; la pointe avec le crayon laissait la trace sur la planche de parement et m’indiquait où tailler.
Puis, j’ai façonné sur les chants soit des rainures, soit des languettes. Oui, oui, vous avez bien lu. Les parements de l’époque avaient la particularité d’avoir soit deux rainures, soit deux languettes sur une même planche. Les menuisiers de l’époque faisaient ça, car leurs planches suivaient la forme de l’arbre, c’est à-dire que les deux extrémités d’une même planche n’avaient pas la même largeur. Ça leur permettait alors de mettre la planche dans le sens qui leur convenait, soit mettre l’extrémité la plus large en haut ou en bas.
Les rainures et languettes sont réalisées avec deux rabots : un Stanley 55 pour les languettes et un Stanley 45 pour les rainures. En ayant deux rabots, ça m’évitait d’avoir à changer constamment les fers, surtout qu’avec ce type de rabots, ça peut être long à ajuster.
2) J’ai cloué temporairement la planche au mur, puis j’ai répété l’opération 1 avec la deuxième planche, je l’est fixé temporairement à côté de la première, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le mur soit complètement recouvert.
3) Avant de débuter mon deuxième mur, j’ai décloué toutes les planches recouvrant le premier mur, sauf la dernière planche taillée, car elle allait me servir de guide pour bien positionner la première planche du second mur.
Pourquoi enlever les planches du premier mur? Voir l’étape 6.
4) Je répétais les opérations 1 à 3, puis je passerais au troisième mur et finalement au dernier mur.
5) Le bout de chaque planche (celui près du sol) a été scié à un angle d’environ 45 degré afin que l’eau ruisselant sur la planche puisse « casser » dans le bas et tomber à terre, plutôt que de stagner sur le bout.
6) chaque planche déclouée a été sablée contre le fil du grain au papier sablé de grosseur 50 pour que la peinture puisse bien agripper sur le bois.
Je disais à l’étape 3 qu’une fois un mur complété, je le déclouais. La raison était pour poser correctement un apprêt à l’huile et une première couche de peinture au latex Deux aspects très importants à considérer quand on peinture dehors : fuir le soleil comme la peste et ne peindre que lorsqu’il n’a pas plu depuis quelques jours. Sinon, tu vas devoir reprendre ton travail plus vite que tu ne l’espérais.
Lorsque ton mur est en pièces détachées comme l’est devenu le mien en le déclouant, mes planches séchaient toujours à l’ombre. S’il y avait de la pluie à l’horizon, pas de problème : on entre les planches dans la cave de la maison.
Par contre, ça m’obligeait de rhabiller la laiterie avec une bâche chaque fois qu’il allait pleuvoir (et je peux vous dire que j’ai fait ça souvent durant l’été 2011, car il a plu très souvent).
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- Riflard
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J’ai pu constater que cette façon de faire est efficace. Par une journée de bon vent, je sentais l’air circuler à l’intérieur de la laiterie.
J’ai mis aux 4 coins un solin à la verticale. De la façon dont les deux planches faisant le coin sont assemblées, l’eau pourrait s’infiltrer par ce joint créé par cet assemblage. La présence d’un solin derrière m’assure que l’eau n’ira pas plus loin.
Au début septembre 2011, pendant mes vacances annuelles, j’ai eu trois jours où il n’a pas plu. On a posé de façon définitive le parement sur trois murs (car je n’avais pas fini le 4e mur, celui à l’arrière). Ma blonde a pu alors poser la 2e couche de peinture.
9) Le 18 septembre 2011, les 4 murs étaient fini de poser. La peinture s’est terminée avec la superbe belle fin de semaine de l’Action de Grâces qui a coïncidé avec l’été des Indiens.
10) Le seuil de porte et de fenêtre étant complètement disparus, je les ai refaits, en merisier pour le seuil de porte et en pin pour le seuil de fenêtre. Une « goutte » a été creusée sous le seuil. Il s’agit d’une rainure de ¼ pouce de large par ¼ pouce de profond, à 3/8 pouce environ du chant du seuil, afin d’éviter que l’eau se glisse sous le seuil. C’était une technique qu’employaient les menuisiers d’antan.
J’ai dû refaire une boîte pour la fenêtre (car complètement disparu) dans laquelle va s’insérer une petite fenêtre. Pour pouvoir la faire de la bonne profondeur, il a fallu que je pose le parement intérieur d’origine, que j’avais récupéré lors du démontage de la laiterie un an plus tôt.
Cette boîte, j’ai eu le temps de la compléter, mais pas de la poser (sur la photo, elle n’est que entré à serre). Pas plus que la boîte de la porte. D’autres travaux d’urgence sur la maison m’ont empêché de compléter.
La fin … à l’été 2012 !!!
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- Le GENERAListe
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Qui chante en mesurant ... déchante en assemblant.
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Avec du duct tape tout est possible......sauf coller des bandes abrasives....
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Salutations hopi
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Bravo!!
Syr
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- Rpoulin
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- Riflard
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Le GENERAListe écrit: Nos bâtiments anciens sont un élément tangible de notre héritage culturel ... il importe d'en prendre conscience et de les mettre en valeur pour les générations qui suivront.
Dans la première partie, j'expliquais que le bâtiment était en fort mauvais état, ce qui aurait pu être une raison de le démolir. Mais ce bâtiment, malgré son état, méritait de ne pas finir en bois de chauffage, même si c'est un petit bâtiment ancien utilitaire servant aujourd'hui de cabanon.
Je suis évidement d'accord avec vous Generaliste, il faut prendre soin de notre patrimoine. C'est notre mémoire et c'est une façon de rendre hommage à nos ancêtres menuisiers, charpentiers, ébénistes, sculpteurs, peintres, forgerons, et j'en passe, que de sauvegarder notre patrimoine culturel.
Merci beaucoup à tous de vos félicitations et des commentaires élogieux. Peu importe le projet qu'on réalise, et même si on ne le fait pas pour ça, ça fait toujours très plaisir. Ça nous encourage à poursuivre, ça peut donner le goût à d'autres de faire de même.
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- Riflard
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rpoulin écrit: Celle belle laiterie était sur ton terrain ou elle a été déplacée en pièces détachées? Autre question,:le recouvrement de planches est un ajout ou c'était ainsi fait à l'origine? (peut-être que ça a été dit dans la première partie)?
Salut RPoulin. Pour répondre à tes questions, la laiterie n'était pas à l'origine sur mon terrain. Le couple, qui étaient alors propriétaires de la maison où ma blonde et moi habitons, l'a acquis à la fin des années 70. Ils ne l'ont pas démontée, ils l'ont transportée telle quelle. Ils l'ont récupéré de quelqu'un du village où nous habitons actuellement (St-Lambert-de-Lauzon).
Oui, il y avait un recouvrement extérieur à l'origine. Je ne me souviens pas si je l'avais écrit dans la première partie, le parement en planches de trois murs sur quatre était fixé avec des clous carrés. Le quatrième mur était beaucoup plus récent, à cause de la largeur et de l'épaisseur des planches, de la présence d'une rainure et d'une languette sur une même planche, ainsi que la présence de clous ronds. Je n'ai pas demandé au couple qui l'ont achetée si ce sont eux qui ont réparé ce quatrième mur. Il faudrait que je leur pose la question.
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- Riflard
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J'ai oublié de dire. Un autre indice indiquant la présence d'un parement dès l'origine: le pièce sur pièce n'a jamais été chaulé (peint avec de la chaux). La présence de planches à l'extérieur permettait d'ajouter de l'isolation à la laiterie, ce qui l'empêchait de trop se réchauffer l'été.
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- Helper
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(La fin … à l’été 2012 !!!)
J'ai très hâte de voir ça, ne nous oublie pas Riflard !!!!
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- Rpoulin
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As-tu entendu parler du premier vrai fromage québécois (du temps des toutes premières colonies) dont une souche persiste dans une de ces laiteries sur l'Ile d'Orléans (et aussi dans la maison du propriétaire)? Encore bien active, la souche de micro-organismes a été a apportée au Département de l'Alimentation de l'Université Laval et un fromage bien typique est né quelques années plus tard. On peut maintenant se le procurer à quelques endroits. Grillé sur un appareil à raclette c'est sublime. Je prends le mien dans une épicerie Metro.
www.fromagesdeliledorleans.com/brin-hist...histoire-du-fromage/
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- Campagnard5
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très belle restauration, et surtout tout une patence!! de faire ds rainure au rabot...assez épatent!
ca prend du monde comem toi (je tente de faire aussi de meme) pour préserver le patrimoine québécois
c'est mieux qu'un cabanon 2000 en 2X3 et ripe pressé!
Tout ce qui roule seul, roule toujours en descendant,jamais en montant!
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